Et maintenant…

L’évolution de la société américaine où les peurs de la classe moyenne se sont exprimées dans l’élection de D. Trump est aujourd’hui bien visible dans la société française. Nous avions pris nos désirs pour des réalités et le résultat est sans appel. Et pourtant nous savions que cela pouvait arriver. La vérité est cruelle et nous ne pouvons pas ignorer l’expression de tous ces mouvements sociaux qui traversent le pays. Expression d’une colère sociale mais aussi d’une colère politique. Et toujours les mêmes slogans : « je ne veux plus de la politique », « tous pourris ! », on ne nous écoute plus ». Sur l’analyse nous sommes tous d’accord et alors maintenant qu’est-ce que l’on fait ?

Aujourd’hui les électeurs sont plus informés, plus éduqués, nombre d’entre eux se détournent des médias « mainstream » et s’informent sur les médias alternatifs. Le dialogue avec les politiques n’existe plus. Ces derniers enfermés dans leurs bulles sont hors sol. Après le Brexit, l’élection américaine fait que pour un nombre toujours grandissant d’électeurs, la victoire du « hors système », du « hors politique », devient possible. Et cela quelques mois avant l’élection présidentielle en 2017.

Un pas supplémentaire vient d’être franchis par le système politico-médiatique. Les dernières digues ont sauté. Les politiques se répandent de média en média pour des confessions intimes qui n’intéressent que les médias eux-mêmes et quelques voyeurs en marge. C’est la mise en spectacle de la vie politique. Et cela fait désormais partie de l’environnement de vote donc de l’expression politique dans notre pays.

La gauche a perdu la bataille idéologique parce qu’elle a abandonné la bataille des idées. Les contraintes économiques de la gestion du pays une fois arrivée au pouvoir et les incessantes attaques en légitimité de l’opposition ont eu raison des idées de gauche. Ce renoncement que les socialistes pensaient être provisoire pour le bien de tous n’a pas été accepté par les électeurs qui les avaient élus.

Le rejet des élites médiatiques et politiques aussi bien de droite comme de gauche montre à quel point la défiance est grande. Elle est aussi alimentée par le repli identitaire de la France. Vouloir façonner le monde pour mieux le contrôler conduit les Etats-Unis dans une impasse qui va redessiner ce monde et cela aura de graves conséquences pour l’Europe et pour la France. La crise qui secoue le Moyen-Orient devrait nous interpeller car les conséquences dramatiques que devront supporter vont modifier durablement notre société.

Des hommes politiques ont déjà repris le flambeau de la défiance des corps intermédiaires. Mais ne nous trompons pas, la démocratie américaine a des fondements que la nôtre n’a pas. Le risque de l’extrémiste et de la démagogie peut être un réel danger pour notre beau pays.