La droite républicaine ruinée… (une surprise ?)

Les affaires mon détruit affirme-t-il. En s’accrochant coûte que coûte et avant même le scandale „Penelope“ et les suivants, des millions de Français, pourtant rangés à droite, éprouvaient des difficultés véritables à se reconnaître dans la démarche idéologique du vainqueur de la primaire.

François Fillon s’est laissé prendre au piège de la radicalisation. La droite „musclée“, la droite ultra conservatrice, qui ne supportait plus Nicolas Sarkozy, écœurée par le recentrage d’Alain Juppé, cette droite phagocytée par les militants anti „mariage pour tous“ s’est refusée à tout compromis avec la droite modérée. François Fillon en validant cette droite s’enferme dans une voie sans issue. François Fillon le sait bien, les multiples reniements du candidat, ses vérités successives et contradictoires, ses excès populistes contre les juges, les policiers et les journalistes, piliers essentiels du système républicain ne seront que les éléments visibles d’une crise morale qui traverse la droite conservatrice française.

La vérité est à la fois simple et cruelle : le système n’a pas détruit François Fillon, mais l’homme lui-même. Mais dans ce désastre annoncé François Fillon n’est pas le seul responsable. La primaire n’a pas résolu la question idéologique qui était posée à la droite. Cette dernière a simplement crue pouvoir régler la question du leadership pour la présidentielle à venir. Le vainqueur fort de sa stratégie victorieuse a cru pouvoir infléchir la ligne idéologique de la droite et la prise en otage. Cela ressemble fort à un déni de démocratie, à un kidnapping du suffrage universel. La droite et ses alliés n’a pas cru devoir réagir soit pas incapacités soit par calculs. Les chefs avec leurs égos surdimensionnés ont manqué à tous leurs devoirs, incapables de prendre, pour des raisons de tactique interne, la seule décision qui aurait dû être prise : remplacer François Fillon. Il n’y avait pas de plan B. Fillon avait verrouillé le parti, il avait le suffrage de la primaire et surtout l’argent de la primaire. Tout candidat de substitution aurait mieux réussi mais on ne refait pas le match.

Cette droite aveugle a construit une unité de façade pour cacher ses faiblesses. Entre une droite humaniste libérale européenne et une droite conservatrice et patriotique refermée sur elle-même, le grand écart était de plus en plus visible. Le renouvellement générationnel n’a pas fonctionné car manipulé par des dirigeants politiques persuadés qu’ils étaient investis pour une vie. Avec à l’intérieure du parti des structures pléthoriques de gardes napoléoniennes verrouillant toutes les actions novatrices, la droite s’est abstenue de tout débat idéologique. L’affrontement avec un François Hollande apostrophé d’illégitime et d’incompétent lui suffisait. L’alternance lui était du.

Cet aveuglement l’a conduite inexorablement à sa descente aux enfers.

La France avait changé et la droite ne l’a pas vue. Après des décennies au pouvoir en alternance avec la gauche, la droite n’a pas réussi à conduire le destin du pays. Les français l’avaient compris et souhaitaient autre-chose. Le « dégagisme » était né contraint et forcé. Si la gauche a commencé sa transformation idéologique la droite devra à son corps défendant la faire si elle veut un jour assumé les responsabilités que le jeu démocratique lui attribue.